Rap'n'Metal

Rap'n'Metal

1.Deux mouvements qui prennent de l'ampleur grâce à une économie musical...


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Il est évident que la prise d’ampleur d’un mouvement survient grâce à une économie musical, tant sur les maisons de disques, les producteurs, la publicité ou même les concerts. Nous allons traiter cette dimension dès à présent.


 

Le metal s’est donc développé au cours de ces 40 dernières années dans un contexte de crise économique et de tensions plus ou moins présente. Il s’est enrichi et est désormais en phase de démocratisation grâce à ses influences diverses et variés, mais aussi grâce au rôle que l’économie a joué dans son avènement, sa radicalisation et son développement.

 

Au début des années 70, le rock et le metal entre dans une ère de médiatisation de masse, et de développement grâce à l’industrie musical, le metal prend de l’ampleur, dès les années 70. Les artistes qui souhaitent vivre de leur musique ne peuvent rester à l’écart de cette industrie, il leur faut donc pour promouvoir un disque une pluralité d’acteurs qui aideront à sa diffusion et donc à ses ventes. Tout d’abord le rôle des labels et maisons et disques est primordial, ils sponsorisent un disque et gèrent la promotion de l’album. Ils donnent aussi les fonds nécessaire pour financer les albums et les enregistrements en studio. Les plus connus pour le metal sont Candleleight Records au Royaume-Uni, Metal Blade Records aux Etats-Unis, ou encore Nuclear Blast Productions en Allemagne.

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Logo du label Nuclear Blast.

 

De plus certains se spécialisent dans certaines scènes, par exemple Earache Recors au Royaume-Uni s’occupaient de toutes la scène Death Metal de la fin des années 80, ou Osmose Production en France qui s’occupe depuis les années 1990 de la scène Black Metal.

 

Pour les labels, le but premier est de faire de l’argent, et plusieurs options s’offrent à eux. Prenons l’exemple de Nuclear Blast Records. Ils font signer de nombreuses formations de tout bord et de tout styles de metal, et comme vu précédemment le metal est extrêmement fragmenté, ainsi ils peuvent intéresser la plupart des publics. Par exemple la scène Thrash est représenté par Slayer et Sepulture, la scène Death avec Children Of Bodom, la scène Black avec Cradle Of Filth et le Heavy Metal avec Accept, tous ces groupes étant extrêmement populaire chez les amateurs de metal.

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Capture d'écran au 19 février 2015, des groupes du label Nuclear Blast, on y voit ici Slayer, Sepultura, Sabaton, Nightwish, Melechesh, Meshuggah, des formations venant de tous styles et de tous bords.

 

Ensuite, pour promouvoir le disque, ils peuvent s’appuyer sur la diffusion de singles, mis en scène lors de clips par exemple, ou sur le merchandising que nous traiteront plus tard.

 

Bien entendu entre les années 70 à 2000, internet ne prenait pas autant de place dans notre vie, l’imagerie a alors joué un rôle très important, mais aussi le but de choquer. Plus un groupe était extrême, plus il pouvait vendre, c’est une des raisons qui peux expliquer indirectement la radicalisation et la surenchère dans le metal. De plus les labels, bien qu’ils utilisent ces aspects des groupes, peuvent aussi être assurance de qualités ou de musiques extrêmes, par exemple un fan de Death Metal aura toute confiance en un CD estampillé “Earache Prodcutions” qui diffusent quasiment que du Death Metal.

 

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Pochette de l'album "Butchered at Birth", de Cannibal Corpse, 1991, Cette pochette extrêmement choquante, montre la recherche de l'imagerie de plus en plus choquante par les groupes de Death Metal.

 

Ensuite bien que désormais les groupes s’auto-produisent les producteurs jouent un rôle très important dans la création d’une chanson et même d’un album puisque ce sont des professionnels de la musique qui savent si une chanson correspond au style d’un groupe ou pas, bien que le groupe reste maître de lui même le producteur est un intermédiaire très important entre le groupe et la création d’un album, et certains sont même amis.. Ils peuvent conférer un son caractéristiques au groupes, en témoigne les producteurs de Death Metal ou de Black Metal. Preuve de son importance, le nom du producteurs se trouve souvent en bonne place sur la pochette du disque ce qui donne aussi sa renommée. Citons par exemple, Dieter Dirks ayant produit Scorpions, Accept, Scott Burns ayant produit nombre de groupes extrêmes dont les premiers de la vague Death Metal (Obituary, Death, Morbid Angel etc.) ou encore Eirik Hundvin (Emperor, Enslaved, Mayhem etc.).

 

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Eirik "Pytte" Hundvind, ingénieur du son et producteur de groupes de black metal, spiritofmetal.fr

 

La prise d’ampleur du metal est aussi indissociable des concerts et des festivals. Dès les années 70, des groupes comme Black Sabbath ou Judas Priest font d’immenses tournées et jouent dans des festivals. En plus du CD, cela créer un autre rapport au groupe, et le groupe peux utiliser la mise en scène pour captiver le public ou faire adhérer de nouveaux fans à leurs musiques, des groupes comme Rammstein, Marylin Manson, Gwar ou Mr.Lordi utilisent beaucoup la mise en scène et la théâtralité pour rendre leur concert plus vivant.


Lordi, Hard Rock Hallelujah, 2006, représentation à l'eurovision 2006, dont ils sortiront vainqueur contre toute attente, et qui montre la théâtralité mise en place, notamment grâce aux masques et aux tenues, créer par Mr.Lordi, le chanteur du groupe.

 

 

En plus de ces théâtralités, d’immenses affiches sont généralement présente en concert, plus ou moins travaillées, elles offrent un visuel au groupe. Certains groupes usent aussi de décors comme Amon Amarth avec une réplique de bateau viking sur scène ou Sabaton avec une réplique de char blindé. D’autres utilisent même des jets de flammes, et des jeux pyrotechniques, le groupe Rammstein en est très friand. Le concert ne deviens plus audio mais aussi visuel. Malgré cela de nombreux groupes jouent aussi avec sobriété sur scène.

 

Rammstein, Du Hast live au festival des vielles charuues, 2013, qui montre l'utilisation d'effets pyrotechniques sur scène.

 

Les festivals quand à eux sont intéressant à étudier d’un point de vue marketing. En général les festivals de metal que nous connaissons sont l’oeuvre de passionnées, néanmoins, le but d’un festival est d’être rentable. Récemment en France, le Hellfest prend de l’ampleur, avec plus de 150 000 billets vendus en 2014, il devient le deuxième plus grand festival de France derrière les vielles charrues. Ce succès est dû notamment à l’éclectisme de la programmation, avec pas moins de 6 scènes (représentant des styles de metal bien précis) pour 170 groupes environ, mais aussi au décor présent, au nombreux stands de produits dérivés et à une ambiance “bonne enfant” selon les festivaliers. Même si ces derniers aspects jouent en faveur du festival, la programmation reste le principale facteur d'intérêt. Certains festivales comme le Inferno Festival en Norvège mise sur une programmation uniquement basé sur un style, ici le Black Metal ou d’autres comme le Motoclutor en France, mettent en avant leur nombres de places (Environ 11 000 festivaliers par jours), qui confèrent un caractère familiale et agréable au festival selon eux. Les plus grands festivals dans le monde sont le Wacken Open Air, et le Summer Breeze en Allemagne, le Download Festival en Angleterre ou encore le Sonisphère partout en Europe, il est intéressant de voir que ce dernier, présent partout en Europe, ressemble à une “chaîne de festival”, c’est à dire qu’il cherche le bénéfice, en s’implantant dans un maximum d’endroit.


Trailer du Wacken Open Air, 2015 plus grand festival au monde en Allemagne, publié par Wacken TV. On peut y voir notamment le public, qui vient en masse assister à ce festival.

 

Enfin les immenses campagnes de marketting de ces festivals ne sont pas négligeables de leurs réussites. La publicité a toujours joué un rôle pour promouvoir un produit, dans le cas des concerts, cela se reflète par les affiches qui arborent en général les groupes présent, et une imagerie associé, pour plaire au fan et l’inciter à venir, étant ainsi un premier contact avec le groupe avant le concert. Pour illustrer la campagne marketting d’un festival, reprenons le Hellfest. Tout commence par l’affiche, en général sombre et horrifique, des thèmes très courant dans le metal et qui attire le fan en général.

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Affiche du Hellfest 2014, où tous les groupes, répartis par scènes, sont présent. On y voit aussi l'imagerie sombre propre au metal.

 

Ensuite, on cherche à créer un sentiment d’attente chez le futur spectateur, cela se transcrit par les annonces progressives des groupes. En 2014, les premiers noms annoncés sont des groupes extrêmes, ensuite est venu une grande annonce, annonçant plus de 90 groupes, dont Iron Maiden, Aerosmith et Black Sabbath, des mastodonte de la scène metal, enfin une ultime annonce pour tenter d'intéresser les fans encore réticent. En plus de l’annonce des groupes, les indices laissés sur les réseaux sociaux, et des émissions thématiques comme la “Hellfest TV” sur youtube créer un engouement particulier autour du festival. Il apparaît donc comme l’événement à ne pas rater, sous aucun prétexte.


Annonce par Hard Force TV, en partenariat du Hellfest, des groupes du Hellfest 2015.

 

Ainsi, c’est donc avec une économie musical très importante que le Metal a pu se développer et surtout prendre de l’ampleur. Les concerts, festivals et les albums sont des générateurs de profit énorme pour les groupes de Metal. Des empires musicaux se sont créer autour d’eux, et des engouements particuliers naissent autour des festivals, d’où le terme “vacances metal” récurent chez les fans tout l’été, ou même pour une croisière, 70000 Toons Of Metal, en janvier dans les caraïbes


Annonce publicitaire de 70000 Toons of Metal, par 70000 Toons of Metal, disponible sur youtube.

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La publicité joue un rôle pour promouvoir tout ceci, mais pas seulement, comme évoqué brièvement, l’imagerie, le merchandising, les thématiques, ou même l’art associé au metal avec les pochettes d’albums, jouent un rôle particulier dans la prise d’ampleur du mouvement.

 

Il est à noter encore une fois l'influence et l'attrait des musiciens metal pour la musique classique, notamment avec de nombreux concerts de groupes accompagnés d'orchestres symphoniques, comme ce fût le cas pour Deep Purple, Satyricon, Metallica, ou plus récemment Skalmold. Plusieurs motivations sont envisageables, mais le respect des musiciens pour toutes formes de musique et d'instruments classiques, l'envie de sortir un DVD live atypique ou l'attrait pour l'apport d'un côté plus grandiose à leur musique sont compréhensible.


Kvaðning , Skálmöld & Sinfóníuhljómsveit Íslands, 2014.


 

Pour le rap, comme pour de nombreux mouvements, le téléchargement illégal a pris une place très importante ce qui peut diminuer la rentabilité de l'artiste.
Le téléchargement illégale est favorisé de tous, mais surtout des jeunes qui n'achètent pas de CD mais qui continuent à assister à des concerts. La majorité des auditeurs de rap sont des jeunes d'environ 27% du marchés physique et numérique. Ce n'est pas parce qu'il y a pas un taux de vente important qu'il n'y a pas d'auditeur bien au contraire car la première chose que prennent les jeunes sont leur MP3 ou leurs ordinateurs ce qui facilitent les échangent en réduisant considérablement le nombre d'achat de CD.


Pour que la vente de CD ne soit pas trop affectée des mesures ont été prises, exemple : pour envoyer une musique par le système bluetooth il faut que l'album ou le single soit télécharger légalement.


Très peu de personnes ont conséquences du téléchargement illégal c'est pourquoi 1 personne 4 achètent des CD dans le but de na pas ruiner les artistes alors que les autres estiment que acheter des albums ou des singles est trop cher ou ne préfèrent pas acheter car ils préfèrent la gratuité.
Mais ils restent encore une part importante des ventes de CD par exemple :


Booba à vendus 21000 albums dès la première semaine de la parution d’un album.
Sexion d'assault qui a battu le record de vente de mixtape en une semaine avec plus de 16000 ventes.


La vente de CD n'est pas le seul impact sur le marché et surtout pas la plus intéressante pour l'artiste lui même car l'artiste sait que ce sont bien évidemment les concerts qui lui feront faire le plus de profits, ou gagner sa vie.
Les concerts restent de plus en plus fréquentés, les concerts de rap notamment des grands rappeurs ont un succès qui est loin d'être négligeables. Ces derniers investissent des grandes salles comme le Zenith, l'Olympia ou le Palais des Congès, ce qui signifie que le public français reste belle et bien fidèle à ses artistes.

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Affiche promotion de concert de Youssoupha, à l'Olympia le 7 mai 2012. sortirenprovence.fr

Reportage de France 3 baie de seine, le 17 septembre 2013, sur le concert de Médine à L'Olympia.

 

Contrairement au CD, le concert à plus de succès près de 3 personnes sur 4 affirment assister ou seraient prêt à assister à des concerts, pour eux cela vaut le coût de payer car ils s'y amusent ou encore ce n'est pas la même chose que d'écouter quand nous sommes chez nous ou bien encore il y a un liens entre le public et l'artiste.
Par conséquent la fréquentation des salles de concerts n'est sûrement pas prête de décroître maintenant.

 

En Avril 2011 un défit a été lancer, le journal Le Monde a proposé aux quatre programmateurs du Printemps de Bourges d'accueillir au Phénix un concert de Rap avec pour but d'atteindre au 4800 places dans un lieux ayant pur capacités d'accueillir 6000 personnes. L'objectif a été atteint puisque ce sont plus 5000 places qui ont été vendus.


Derrière chaque rappeur, il y a un label ce sont les principales victimes de la baisse des ventes de CD :
Tout d'abord il y a deux types de structures, les majors et les indépendants.

Une major est une structure disposant de plusieurs labels dont elles assurent le soutient financier tel que Universal ou Sony, elles sont présentent sur de multiples domaines comme l'immobilier ou le cinéma.

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Exemple de majors, Universal, Sony Music, EMI et Warner Music Group, wikinoticia.com

 

En revanche les indépendants qui sont plus nombreux sont des labels seulement dans le domaine musical.

 La force des majors est leurs apports financiers, en effet ils sont loin d'être négligeables mais ne visent qu'un seul type de commerce celui de la vente de disques, la baisse des ventes a donc une forte répercutions sur ces labels.

 

Au contraire les indépendants, bien qu'ils aient de moindre moyens savent s'adapter au marché. Cela s'explique tout d'abord par une connaissance supérieur du rap chez ces labels et des coûts fixes moins importants au sein de l'entreprise. Effectivement pour rentabiliser leur projets, la vente de disque n'est pas la seul action menée. Les indépendants sont ouverts à de nombreuses actions tel que la gestion de concerts, le sponsoring et la vente de produits dérivés qui s'est fortement développée ces dernières années. Ces ventes ont connu un fort succès notamment les tee-shirts et les sweats qui sont les produits phares de ces actions.

 

Le rap en France a un impact non négligeable sur l'économie notamment sur le marché musical. En effet bien que la baisse des ventes de disques soit incontestable, nombreuses sont les autres solutions qui aident le rap à ''vivre''. Le rap n'est donc pas mort bien au contraire il continue son envole en se fixant des objectifs de plus en plus élevés, sur un champ d'action beaucoup plus étendus qu'il ne l'était auparavant.

 







28/02/2015
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